L´Egyptienne, libre et maîtresse de son destin depuis l’Antiquité

Soha Gafaar Vendredi 19 Mars 2021-15:32:08 Chronique et Analyse
Isis déesse de la magie et des mystères
Isis déesse de la magie et des mystères

La place des femmes dans l'Egypte antique peut paraître surprenante de « modernité » si on la compare à celle qu'elle occupa dans une majorité de sociétés contemporaines et postérieures. Bien qu'hommes et femmes aient traditionnellement des prérogatives bien distinctes dans la société, il semble qu'il n'y ait pas eu de barrière infranchissable en face de celles qui désiraient s'éloigner de ce schéma. La société égyptienne reconnaît aux femmes, non seulement leur égalité avec les hommes, mais leur indispensable complémentarité qui s'exprime notamment dans l'acte créateur. Ce respect s'exprime clairement dans la morale et la théologie égyptienne, mais il est certes assez difficile de déterminer son degré d'application dans la vie quotidienne des Egyptiens. En ce mois de mars, mois de la femme, nous essayons dans les lignes suivantes de vous montrer comment la Femme égyptienne jouissait de la liberté et comment elle était maîtresse de son destin depuis le temps des Pharaons...

Rares sont les civilisations antiques où la femme pouvait atteindre des postes sociaux importants. Dans l'Egypte antique, non seulement les exemples de femmes haut-fonctionnaires ne sont pas si rares, mais plus étonnant encore (pour l'époque), on retrouve des femmes à la fonction suprême, celle de pharaon. Plus qu'un féminisme, il faut sûrement y voir une marque de l'importance de la théocratie dans la société égyptienne.

Pour résumer la dualité du statut des Egyptiennes d'avant notre ère, entre devoir et autonomie, entre soumission et liberté, le romancier Philip Kayne cite une autre égyptologue, Christiane Desroches Noblecourt :  "...la mère que l'on respecte avant tout, la femme sujette à une stricte loi morale, mais dotée d'une grande liberté d'expression — sa capacité juridique entière, son étonnante indépendance financière, l'impact de sa personnalité dans la vie familiale et la gestion des biens communs et de ses biens propres."

Les différences de compétence ou de salaire entre hommes et femmes n'ont pas lieu d'être ; l’éducation des filles vaut celle des garçons et la naissance d'une fille est accueillie de la même manière que celle d’un garçon. Nombreuses sont les expertes en physique, mathématiques et architecture.
Pour le côté social, en se mariant, les Egyptiennes  conservent leur nom - au plus ajoute-t-on "épouse de X". Elles gardent leurs biens propres, qu'elles administrent à leur guise, même s'il peut aussi exister un contrat de mariage. Elles peuvent divorcer, intenter un procès pour récupérer tous les biens du ménage et gagner ce procès, puis se remarier. Si le divorce intervient sur l'initiative du mari, ce dernier devra céder une partie des biens communs à son épouse ; si c'est la femme qui prend l'initiative, elle est tenue à la même obligation, mais dans une moindre mesure. 

Abordons maintenant le côté politique. Dans quelle mesure l'Empire égyptien doit-il sa longévité et son rayonnement à la place des femmes dans la société ? Toujours est-il que pour l'égyptologue et romancier Philip Kayne, la répartition pragmatique du pouvoir au sein du couple royal fut un gage de stabilité et de bonne gouvernance : "Le trône d’Egypte était une affaire de famille homme-femme, dirigée par un tandem bicéphale, souvent fusionnel où chacun jouait une partition conjointe, une main droite et une main gauche qui appartenait à un même corps".

Même si, contrairement aux Egyptiens du peuple, le pharaon pouvait avoir plusieurs femmes, la "grande épouse" du roi - qui peut être sa soeur ou sa fille - reste sa conseillère et participe à la gestion des harems. Ainsi de nombreuses femmes ont-elles dirigé l'Egypte aux côtés de leur royal époux, possédant un pouvoir considérable.

La spiritualité aussi était-elle placée sous le signe de l'égalité des sexes, jusqu’à la complémentarité sous le règne des légendaires Akhenaton et Néfertiti. "C'est elle qui faisait la prière du soir au soleil couchant, explique Philip Kayne. Comme les textes en témoignent : Jamais Râ ne se couchait avant que Nefertiti ne l’ait salué".

"Nefertiti composait avec Akhenaton davantage qu'un couple, continue le romancier égyptologue, mais un vrai tandem qui a fonctionné de façon convaincante pendant 17 ans. Akhenaton  n’aurait jamais pu mener à bien sa révolution monothéiste, politique et artistique sans le soutien de son épouse. A eux deux, ils accomplissent une formidable révolution des idées, des arts et de la religion, bouleversent les codes de la spiritualité, des arts, mais aussi du comportement social et de la bienséance puisque la nudité royale n'est plus un tabou. Le couple montre aussi sa proximité sentimentale et l’amour prodigué à leurs enfants," poursuit-il. De fait, les reliefs et les fresques de l'époque représentent souvent les souverains en amoureux ou en famille, avec les enfants qui embrassent leurs parents.

Derrière le duo composé par Nerfertiti et Akhenaton, il y a une autre femme : la reine Tyi, mère d'Akhenation, qui initie sa belle-fille au monothéisme et aux arcanes du pouvoir. "Mère vénérée du pharaon, Tyi était, aux côtés de son époux, un fameux ministre, doué d'une grande finesse diplomatique pour gérer les affaires étrangères, notamment. Et quand son époux a commencé à décliner, c'est elle qui a pris le relais à la tête du royaume," affirme Philip Kayne. 
Fille de pharaon, Hatchepsout, tout d'abord régente de son neveu, occupe le pouvoir après plusieurs décès dans son entourage - une sorte de "coup d'Etat" en douceur. Sur les fresques et reliefs anciens, elle est représentée avec tous les attributs du pharaon, à commencer par le pagne et la barbe postiche. Son apparence est si semblable à celle des pharaons hommes qu'elle fait naître le doute : et si d'autres souverains habillés en hommes avaient, en réalité, été des femmes ?

La célèbre Cléopâtre VII (-69 à -30), elle, a connu un parcours similaire. Sœur de pharaon, elle est montée sur le trône à la mort de son frère, lorsqu'elle s'est retrouvée seule devant la vacance du pouvoir. Cléopâtre, Nefertiti, Hatchepsout... Lorsqu'on évoque l'Egypte de l'antiquité, les premières images qui viennent à l'esprit sont celles de ces femmes puissantes qui ont autant marqué leur temps et la postérité que les hommes qui furent leurs contemporains, si ce n'est plus. Ce qui inspire à Philip Kayne cette réflexion : "Indubitablement, la femme étyptienne de l'antiquité était l’avenir de l’homme… et inversement… quelle leçon de modernité, pour notre époque !"

En bref, parmi les femmes pharaons les plus certaines et les plus connues on peut citer :

·       Nitocris (VIe dynastie),

·       Néférousobek (XIIe dynastie),

·       Hatchepsout (XVIIIe dynastie),

·       Ânkh-Khéperourê (XVIIIe dynastie),

·       Taousert (XIXe dynastie).

Il faut aussi avoir à l'esprit le rôle considérable, y compris politique et diplomatique, de plusieurs grandes épouses royales :

·       Tiyi auprès d'Amenhotep III,

·       Néfertiti auprès d'Amenhotep IV (Akhenaton),

·       Néfertari auprès de Ramsès II.

Quant au côté religieux, la déesse est représentative du regard associé à l'époque sur la femme, car ce qu'il faut garder à l'esprit dans son image, c'est cette idée de vie éternelle et de maturité que reflète Isis, vénérée comme Mère céleste (ce qui, au fil du temps fera d'elle la déesse la plus importante de la mythologie égyptienne, et portant même son influence sur les religions de différentes civilisations, où elle sera identifiée sous divers noms et où son culte se répandra, notamment dans tout l'Empire romain).

En bref encore citons les déesses les plus influentes:

·       Isis, déesse de la magie et des mystères ;

·       Hathor, déesse nourricière et de l'amour ;

·       Bastet, déesse protectrice du foyer ;

·       Sekhmet, déesse féroce.





Soucres:

https://information.tv5monde.com/terriennes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_femmes_dans_l%27%C3%89gypte_antique

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